Catalyseur. Soft skill sous-côtée

Long post. Une fois n’est pas coutume.

Catalyseur.
J’ai associé ce mot au pot d’échappement pendant les 20 premières années de ma vie.
Et puis j’ai découvert son sens.
Larousse :
1. Substance qui augmente la vitesse d'une réaction chimique sans paraître participer à cette réaction.
2. Élément qui provoque une réaction par sa seule présence ou par son intervention.
3. Dispositif antipollution ajouté au système d'échappement d'un véhicule à moteur.


J’aime à me considérer comme catalyseur au travail. Quelqu’un qui va provoquer des choses, accélérer des choses, entraîner des choses. J'aime à penser que c'est une soft skill sous-côtée. Je voulais en parler un peu.

Comment cette soft skill “catalyse” fonctionne au travail :

Fiabilité et suivi : Faire ce qu’on dit. Être clair sur ce qu’on peut délivrer et ce qu’on ne peut pas délivrer. Donner des réponses rapides, précises et fiables. Dire je ne sais pas quand on ne sait pas. Renvoyer vers la bonne personne quand on n’est pas la meilleure personne. Revenir vers la personne quand on dit je reviens vers toi. Tenir les dates sur lesquelles on s’est engagé. Prévenir quand on ne tiendra pas une date. Ne pas donner de date si on ne pense pas être en mesure de donner une date. Je crois qu’un tel comportement rejaillit positivement sur ce sur quoi nous travaillons. Peu importe ce que c’est. Cela crée une aura de confiance.

Altruisme : Clin d’œil au Bouddhisme avec ce mot altruisme. Une bonne catalyse nécessite de comprendre finement ce que dont ont besoin ses interlocuteurs. Il faut les écouter, les observer, accueillir leurs demandes sans jugement, les traiter avec importance, les alimenter avec ce qui peut leur servir à atteindre leurs objectifs, passer une meilleure journée. Bien entendu, le temps limité de nos courtes vies et journées de travail viendra poser des limites à cet altruisme professionnel. Il faudra parfois décevoir, en rejetant une demande pas alignée avec sa mission, en indiquant un délai de délivrance trop long etc.

Partage : Le partage de son travail doit être un fondamental. Travailler sur un wiki partagé plutôt qu’un Google doc sur son drive. Des gens vont le voir peut-être, le partager qui sait. Tout doit être poussé vers ses cibles, de façon digeste. Non, les gens ne vont pas tous venir à vos sessions de formation. Non ils ne vont pas tous lire spontanément vos contenus. Il faut leur pousser quand ils en ont besoin - cf. altruisme. Oui construire une communauté aide. Oui cela demande du temps. Oui cela vaudra toutes les sessions de formation du monde. Partager donne des idées aux gens. On sous-estime les questions que les autres se posent. Tous nos collègues ont 1000 alternatives pour faire leurs tâches, atteindre leurs objectifs. Leur partager ses objectifs - cf. projection - ses doutes, ses questions existentielles permet d’éventuellement leur faire prendre une alternative qui rejaillira positivement sur ce sur quoi on travaille. Ils pourront aussi en parler à d’autres, donner des idées, etc.


Projection: Il faut viser des choses pour que la catalyse prenne. Cela peut être réaliser un certain nombre de ventes sur une certaine typologie de client, avoir un canal slack qui atteint X centaines de personnes, avoir plus de vidéos sur son produit que la concurrence, ne plus avoir de questions signe que le pricing produit n’est fondamentalement pas compris. Des milestones concrètes, très simples, pourquoi pas un peu amusantes, pourquoi pas des vanity metrics, pourquoi pas des quêtes personnelles, des “paris”. Par exemple, le pari de développer un écosystème partenaire autour de son produit. Deux bénéfices Le premier : les humains adorent atteindre des objectifs amusants. Jouez à Candy Crush pour le vérifier. Le second : c’est viral. Si je me mets à vouloir devenir le plus gros contributeur du blog de mon entreprise, il y a fort à parier que mes camarades d’équipe vont se prendre au challenge, que les contributeurs actuels vont redoubler d’effort. Parler de ses objectifs va inspirer des gens qui auront des idées qui peuvent aider - cf. partager.

Note additionnelle sur ce point: mieux vaut avoir plus d’objectifs que de raison. Classique loi de Parkinson. En plus, cela évite l’usure. On peut changer de sujet, de cheval de bataille, au gré de ses envies, de l’air du temps.

Autre note: arriver à aligner ses objectifs sur ce qu’attend le management est un plus qui rend la vie plus simple.


Challenge et feedback: Il faut questionner. Demander pourquoi. Demander les tenants et aboutissants d’une décision passée. Vérifier s’ils s’appliquent aujourd’hui. Dire ce qu’on trouve intéressant à considérer. Dire quand quelque chose nous semble impératif à faire, mais le plus rarement possible car cela laissera des cicatrices à la personne contrainte. Il faut choisir ses batailles et se battre sur ce qui a le plus d’impact (on a le droit d’avoir quelques lubies inutiles de temps en temps aussi). Essayer de rallier à sa cause plus qu’imposer sa perspective maximisera toujours le succès.


La catalyse est belle quand naturellement, les choses que l’on souhaite se font, et qu’elles entraînent d’autres choses, des géniales idées de personnes par exemple, des initiatives admirables.
La catalyse est belle car quand elle "prend", elle ne retombe pas